Pour le compte de la Ville de Fleury-les-Aubrais (45) cette Assistance à Maitrise d’Ouvrage (AMO) vise à réaliser la programmation d’un futur centre social, reconstruit en lieu et place d’un ancien bâtiment désaffecté. Nous réalisons cette mission, avec Agathe Chiron, en nous installant sur place, trois jours pas mois pendant six mois et en vivant un bout de la vie du quartier des Ormes du mail.
De septembre 2021 à mars 2021 – Fleury-les-Aubrais (45)
En équipe, avec Agathe Chiron, design-architecture, spécialiste de la maitrise d’usage.
Cette mission renverse volontairement les ordres de soumissions des AMO. Ici, point de concertation au service (hypothétique) d’une programmation. Mais l’inverse. Une programmation depuis l’immersion la plus simple et directe possible dans la réalité d’un espace de vie.
La maitrise d’usage se fait programmatrice. Nous ne livrons pas de “préconisations usagers” mais un programme, un cahier des charges pour la maitrise d’œuvre, entièrement conçu à partir des besoins locaux.
A – Contexte
Comme beaucoup de grands ensembles, le quartier prioritaire « Andrillons – Ormes du mail » concentre plusieurs difficultés sociales et se caractérise par une importante pauvreté (près de 50% de la population au dessus du seuil de pauvreté, revenu médian à moins de 13000 euros annuel). Un chômage de masse (plus de 50% de la population sans emploi) complète ce tableau délicat et caractérise des espaces de villes où la rencontre, l’animation, la formation, l’activité culturelle sont les premiers leviers de lutte contre le déclassement et l’isolement. Ici, la puissance publique doit agir proche, au contact, sur l’espace public, avec les familles, les jeunes, les travailleurs précaires, les étrangers.
Pour ce faire, la Ville de Fleury-les-Aubrais déploie une politique de proximité qui se caractérise notamment par l’implantation, au cœur des grands ensembles d’habitat social, de « maison pour tous » (trois établissements sur la commune). Celle qui se trouve en cœur d’ilot, aux Ormes du mail, a subit récemment (2018) d’importants dommages structuraux qui réclament une reconstruction complète. A cette occasion, la Ville souhaite prendre un temps (six mois environ) pour questionner la forme et les équipements d’un tel établissement. En effet, majoritairement pensés et bâtis dans les années soixante-dix et quatre-vingt, les centres sociaux et autres maisonq socio-culturelleq, plus nécessaires que jamais, ont besoin d’évoluer pour répondre aux dynamiques socio-démographiques et aux changements des attentes et besoins des populations.
B – Notre proposition
Nous, Agathe Chiron et Pascal Ferren, sommes spécialisés dans la conception et la mise en œuvre de démarches de terrain visant à établir, depuis un diagnostic des usages et des attentes des usagers, des programmes urbains ou architecturaux. Notre spécificité consiste à ne pas séparer l’enquête (qu’on appelle parfois « concertation ») de la rédaction du programme voir des pièces du marché de maitrise d’oeuvre qui suivra. L’intention de cette proposition est la suivante : garder le fil, tendu, entre les besoins des usagers de la maison pour tous (y compris de ceux et celles qui y travaillent) et leurs traductions dans une architecture, des équipements, des formes, des symboles, des circulations, etc.
Notre démarche se structure sur deux temps successifs et enchâssés. Une enquête de terrain, grandement immersive, au contact des hommes et des femmes présent.e.s, puis un temps de rédaction du programme, en étroite collaboration avec la maitrise d’ouvrage communale.
L’enquête de terrain s’appuie sur une méthode bien étrennée : se placer au cœur du quartier, de jour comme de nuit, pendant un temps court (3 jours), dans un objet insolite prétexte à la rencontre (une caravane en l’occurence), et échanger, faire avec, rencontrer ceux et celles qui vivent ici. Nous habitons dans le quartier, 3 jours et 3 nuits par mois. Pendant ces résidences sur place, nous posons là notre bureau, nous organisons des rendez-vous, nous travaillons à l’équipe de la maison pour tous Jean Vilar, nous invitons des personnes ressources, nous rencontrons les associations locales. Mais nous allons aussi à la sortie de l’école, dans les hall d’immeuble et proposons des gouters ou des apéritifs en fin d’après-midi. Les idées et besoins qui émergent dans une résidence peuvent être testés, éprouvés, lors des sessions suivantes.
La rédaction du programme et des pièces marchés suivra cette enquête et se déroulera début 2022.